Remarque: classement des messages

Les messages qui figurent sur la page d'accueil sont classés dans l'ordre inverse de la chronologie, c'est-à-dire les plus récents en haut de la page et les plus anciens en dessous. Leur ordre est chronologique dans les deux onglets concernant la mission en Haïti et ma première année au Tchad. Dans ces deux parties, il est possible de lire les textes à l'écran mais aussi de les télécharger en format PDF...

Photos d'Automne

Maintenant que les paysages, après avoir pris une teinte en noir et blanc, commencent à retrouver une palette plus variée, il me fait plaisir de vous partager les couleurs de l'automne... Cliquez sur l'image ci-dessous!

De Automne au Québec

Soutenir les Haïtiens

.... Soutenir le projet IFHIM Haïti...

Je vous invite à considérer le Projet IFHIM-Haïti comme une piste pour poursuivre votre solidarité envers Haïti : je peux correspondre avec vous (ou avec des élèves, des proches, des groupes) pour décrire davantage les différents aspects du projet. Une chose est certaine, c’est qu’il n’y a pas un centime versé qui va ailleurs que dans le projet lui-même, c'est-à-dire dans l’aide aux personnes affectées ou traumatisées par le séisme.

Le Projet IFHIM Haïti en marche


Objectif

Apporter une aide aux personnes affectées ou traumatisées par le séisme en Haïti

Présentation de l’IFHIM

L’Institut de formation humaine intégrale de Montréal (IFHIM) est un Institut international de formation qui offre le processus de formation humaine intégrale par l’actualisation des forces vitales humaines. Le travail se fait à partir d’expériences vécues. En s’appuyant sur cette spécificité de l’Institut, Marie-Marcelle Desmarais a découvert, dans le contexte du génocide Rwandais de 1994, la restauration des forces vitales humaines de la personne ayant vécu une expérience traumatique. Cette démarche est articulée à partir de la relecture de l’expérience. Elle permet de libérer la personne qui a vécu un traumatisme en l’aidant à voir ses forces à l’œuvre malgré l’expérience traumatique. La situation traumatique cesse d’être prépondérante pour la personne lorsqu’elle voit ce qu’elle a fait, les décisions qu’elle a prises et qu’elle arrive à se représenter elle-même avec ses forces vitales humaines.

Mission de l’IFHIM

L’IFHIM et les 86 étudiants en Immersion intensive de divers pays, est fortement touché par les événements dramatiques qui se passent en Haïti, suite au séisme du 12 janvier 2010. Les conséquences sont lourdes dans la vie des personnes, des familles, du pays, et des pays. Un projet collectif d’engagement social se met sur pied et sera en évolution constante.

Projet IFHIM-Haïti : pour aider la personne à se redresser!
Le 12 janvier dernier, un séisme violent frappait Haïti. Des centaines de milliers de personnes sont tombées victimes de la nature qui semble s'être acharnée avec une cruauté sans pareil sur l'un des pays les plus vulnérables de la planète. Pendant les dernières semaines, à un grand nombre de personnes haïtiennes a été donnée la possibilité d’émigrer au Canada pour rejoindre leurs parents. Le drame qu’ils ont vécu les a profondément marqués : peine, perte, colère, dépression, stress.
Devant l’ampleur de cette catastrophe, l’Institut de Formation Humaine Intégrale de Montréal(IFHIM) en lien avec Haïti depuis plusieurs années n’est pas resté les bras croisés. La directrice générale, Marie-Marcelle Desmarais, cnd, avec l’équipe des professionnels, a lancé un projet d’intervention urgente auprès des personnes haïtiennes à Montréal et en Haïti.
Des étudiantes et étudiants des trois années, provenant des cinq continents, sont impliqués selon leur niveau de formation et leur compétence pour venir en aide aux personnes frappées par le séisme. Quinze équipes se sont formées à cet effet. À Montréal et dans les environs, elles ont visité et accompagné plusieurs personnes et familles haïtiennes touchées directement par le séisme.
« La spécificité de la contribution de l’IFHIM, c’est d’aider la personne qui a vécu une expérience traumatique comme le séisme, à se remettre debout, à retrouver la force intérieure, la force psychique, pour continuer à vivre et à s’engager avec confiance, malgré les épreuves qu’elle a vécues ou qu’elle vit à cause du drame. Il s’agit d’aider la personne à prendre conscience de la force avec laquelle elle a été capable de vivre les événements traumatiques et de reconnaître sa propre participation active en faveur de la vie. Finalement, on aide la personne à découvrir la force de l’amour qui l’habite, au delà de la peur et des blocages de différente nature que l’expérience traumatique a pu lui apporter. C’est un fin travail de restauration de la personne dans ses forces vitales, qui demande attention, préparation et compétence » (Marie-Marcelle Desmarais, lors de la présentation du projet, le 23 janvier 2010).
Au mois d’avril 2010, Marie-Marcelle Desmarais se rendra en Haïti pour des sessions de restauration de personnes traumatisées. Elle sera accompagnée de six étudiantes, étudiants d’immersion III qui vivront un stage de formation en vue de contribuer à restaurer les personnes dans leurs forces, dans leur amour. La spécialisation développée à l’IFHIM par Marie-Marcelle et la compétence des personnes formées permettront à des dizaines de personnes haïtiennes de se redresser et de mettre leurs énergies au service de la reconstruction de leur peuple.
… pour l’équipe de IFHIM-communication, André Rizkallah, Alina M. Raluy Mauriz, Luigi Gritti, Pélagie Mukamwezi et… Marie-Odile Dolivet

Nouvelles "fraîches"

Je porte le projet depuis le début de mon séjour ici d'écrire régulièrement pour partager quelques nouvelles. J’ai eu un peu de mal à réaliser ce projet, d’une part parce que le temps est bien bien bien rempli (du lundi au samedi inclus de 9h à parfois 22h, sans compter les travaux à remettre) et d’autre part parce que ce que je vis relève d’un chemin intérieur, difficile à traduire dans une lettre générale : j’approfondis ma formation à l’IFHIM à l’accompagnement humain (incluant le spirituel) des personnes. Cette formation qui n’est pas théorique suppose la poursuite d’un travail sur moi qui me demande de me rendre proche de moi, attentive à ce que je vis intérieurement et à ce que je fais vivre à mon entourage… L’orientation de cette 3° année que je suis est l’intervention en vue de la croissance à partir de et dans le but de faire émerger davantage ce qui est construit et réussit, et de dénouer les blocages et les paralysies. Cet objectif se réalise par un engagement diversifié d’accompagnement de personnes et de groupes, à la fois passionnant et gourmand en temps et en énergies. J’accompagne régulièrement 7 personnes de 11 à 54 ans (avec une moyenne d’âge autour de 30 ans), qui vivent des situations bien diverses. Tout cela donne lieu à une supervision qualifiée qui permet d’avancer à partir de l’expérience vécue et d’élargir et raffiner ma manière d’intervenir.

Comme vous sans doute, j’ai été touchée et bouleversée par l’ampleur du tremblement de terre qui a frappé Haïti et par ses conséquences, par la souffrance vécue, par le désarroi mais aussi par la foi de ce peuple si rudement frappé ces dernières années. J’ai vécu ce drame d’une manière toute particulière car je réside, vous le savez sans doute, dans un presbytère où nous formons une communauté internationale composée de religieuses : quatre congolaises, une vietnamienne et deux haïtiennes. De plus, parmi les étudiants de l’Institut qui proviennent de 28 pays, sont présent(e)s huit haïtien(ne)s. Avec ces frères et sœurs Haïtiens, avec tous les autres étudiants, mardi 12 janvier au soir, j’ai appris la nouvelle du tremblement de terre et découvert son ampleur, je me suis faite proche pour être avec, manifester ma présence et soutenir. Dans les jours qui ont suivi, j’ai vécu avec eux l’attente terrible pour savoir si leurs familles, leurs amis étaient en vie. A l’Institut, nous nous sommes rassemblés pour vivre un moment très fort. Une des spécialités de l’Institut est l’aide aux personnes traumatisées. La Directrice de l’Institut, Marie-Marcelle Desmarais, est non seulement une experte, mais l’ « inventeuse » d’un chemin qui permet aux personnes ayant vécu une situation traumatique de se redresser et de retrouver vie. J’ai vu les deux haïtiennes avec qui je vis, sortir de l’enfermement dans lequel la tristesse et l’angoisse les tenaient : je les ai vues reprendre souffle et prendre de l’assurance lorsqu’elles ont vu tout ce qu’elles mettaient d’elles, tout l’amour qui les habitait, toutes les décisions qu’elles avaient prises dans la situation présente…
L’année dernière (août-septembre 2008), Haïti avait été secoué, par 4 ouragans successifs. L’IFHIM avait envoyé des équipes d’étudiants de troisième année pour aider les personnes traumatisées à sortir du nœud traumatique et revivre. Un projet semblable est envisagé à nouveau pour cette année. Actuellement, l’aide internationale est encore centrée sur l’urgence immédiate : les besoins prioritaires de nourriture, d’eau, de soins. Mais dès maintenant, le travail de reconstruction du pays est envisagé. La reconstruction des infrastructures est indispensable. La reconstruction des personnes l’est tout autant, voire davantage car elle conditionne le reste. C’est une spécialité de l’IFHIM : la forme spécifique d’aide humanitaire que l’IFHIM peut apporter à un pays blessé est la restauration du dynamisme de vie et d’amour permettant l’engagement des personnes traumatisées.
Je m’implique pleinement dans ce projet et espère partir en Haïti avec une des équipes dès que cela sera possible. L’Institut a des liens nombreux et anciens avec ce pays. Deux équipes sont en projet pour le moment : une pour avril et une autre pour juin.

Pour le moment, nous nous mobilisons pour soutenir les Haïtiens et Haïtiennes de Montréal qui comporte une importante communauté d’Haïtien/nes (130000 au Québec, principalement à Montréal). Tous ont vécu cette longue attente alimentée par les images terribles montrées en boucle par les chaînes de TV et par l’angoisse de ne pas savoir ce qu’étaient devenus leurs proches. Certains ont perdu des êtres chers, d’autres ont accueillis des membres de leur famille qui ont vu leur maison et tous leurs biens d’effondrer sous leurs yeux et pleurent parfois des personnes disparaître sous les décombres. De plus en plus des Haïtiens qui ont vécu le drame sur place arrivent à Montréal avec les images et les souvenirs du cauchemar vécu sur place.
Hier et aujourd’hui, j’accompagne avec d’autres trois religieuses (dont la supérieure générale) qui vont partir en Haïti pour soutenir les sœurs de leur communauté, qui ont perdu plusieurs élèves, des membres de leurs familles (aucune sœur de cette congrégation n’est décédée) et plusieurs établissements scolaires. Nous les préparons à ce qu’elle vont vivre pour qu’elles soient en mesure d’apporter une écoute et une présence de qualité à leurs sœurs qui viennent de vivre ce drame, pour les soutenir vraiment et les aider dans leur engagement pour reconstruire, sans se mettre « dans leurs souliers »… Elles partent aussi pour organiser le regroupement des personnes à aider pour le mois d’avril.

L’actualité dramatique d’Haïti est venue modifier le projet que nous avions initialement élaboré de rejoindre des jeunes pour les engager et les former dans le sens de bâtir des ponts de paix dans leur entourage et/ou au-delà des frontières. C’est une option forte de l’Institut qui intervient dans des pays où la guerre et la violence sont fortement présentes. Bâtir un pont de paix, c’est créer un lien avec une personne que les préjugés de toute sorte (ethnie, race, couleur, fonction, âge, comportement, apparence, sexe, etc.) empêchent de voir comme une personne unique et singulière. Dans les temps de formation, nous avons de nombreuses occasions de découvrir que l’histoire de nos peuples nous amène à colorer de manière non consciente la manière dont nous voyons les personnes d’une autre culture. Ainsi par exemple, le passé colonial de la France a un impact non négligeable sur la manière dont les personnes issues des peuples anciennement colonisés me regardent (et vice versa). Cela a coloré tout le 1° trimestre de ma vie dans cette petite communauté dont je parlais plus haut. De même entre Hutus et Tutsis du Rwanda ou entre Congolais et Rwandais, l’actualité actuelle ou le passé proche dressent des murs non visibles mais très forts. En prendre conscience et décider de les défaire est un vrai travail ! Si souvent, nous pensons qu’il suffit de comprendre intellectuellement les problèmes, en négligeant toute la part non consciente et affective qui prédomine dans ces affaires de préjugés culturels.

Je termine cette lettre très sérieuse par une note plus légère en parlant du climat… Le Québec est connu pour ces hivers rigoureux mais la température saisonnière est inégalement conforme à cette réputation. Ces derniers jours (fin janvier) le thermomètre à la fenêtre de ma chambre a oscillé entre – 22°C [que le coefficient éolien ramenait à – 33°C] à +8°C… Ce matin, il indiquait
-14°C. S’habiller et se déshabiller est un véritable sport : les maisons sont très chauffées, et le contraste suppose toute un gymnastique : bottes, pantalon et sur pantalon, bonnet et écharpes qui font ressembler à des gangsters près à dévaliser une banque, et une allure d’ensemble qui transforme les personnes les plus sveltes (ce qui n’est pas mon cas) en bibendum… Mais la beauté est au rendez vous des grands froids.

Je vais demain et après demain passer deux jours avec une amie dans les petites montagnes qui sont au Nord de Montréal (les Laurentides) : au programme, ski de fond pour me détendre : ces deux jours constituent mes vacances de février !

J'espère de vos nouvelles ! A bientôt…

Marie-Odile